Le paradoxe en management, entendu comme une communication (verbale et non verbale) défiant la logique ordinaire et présentant des aspects contradictoires, peut être tout aussi utile pour débloquer certaines situations, qu’inhibant pour les équipes.
Je me propose d’aborder ici les effets problématiques du paradoxe en management.
Prenons le cas d’Edouard qui est « désigné volontaire » pour se faire coacher afin de développer son assertivité et son leadership face à son équipe. Je découvre avec surprise dans nos séances que son manager, s’invite régulièrement dans ses réunions et qu’il continue à coacher en direct certains collaborateurs « à fort potentiel » de l’équipe d’Edouard. Gregory Bateson parlerait sans doute de « double lien » dans une situation comme celle-ci. Plus ou moins consciemment le manager d’Edouard lui affirme à un premier niveau, verbal, qu’il doit s’imposer face à son équipe, alors qu’à un autre niveau, plus subtil et non verbal, que c’est bien lui qui gardera le lead dans les faits. Comment s’extraire d’un nœud paradoxal comme celui-ci ? En utilisant la méta-communication, comme accès à une autre niveau de la relation. En osant le feedback à son manager pour révéler ce qui se joue dans ce paradoxe, le noeud peut naturellement disparaitre.
Clément se plaint du niveau d’autonomie de son équipe et il n’a de cesse d’inviter ces collaborateurs à être proactifs. Alors comment être proactif quand on le devient suite à la demande de son manager ? Si je réponds positivement à la demande de mon manager, je ne suis plus proactif, car ce n’est pas en toute autonomie que je le fais, et si je n’y réponds pas, je suis perdant aussi…Paradoxe amenant à un jeu ou chaque option est forcément sans issue…Même combat pour les paradoxes managériaux du type « soyez créatifs » ou « soyez spontanés » !! Il s’agit alors en tant que manager de créer les conditions de la confiance et de l’autonomisation…la productivité devenant une conséquence de cette nouvelle dynamique relationnelle.
Connaissez-vous le paradoxe avec lequel le diable parvint à piéger Dieu ? ll s’exprima sous la forme d’une question : Un être tout-puissant peut-il créer une pierre si lourde qu’il ne puisse la soulever ? S’il ne peut créer une telle pierre, c’est qu’il n’est pas tout-puissant. S’il le peut, alors, puisqu’il ne pourra pas soulever la pierre créée, c’est qu’il n’est pas tout-puissant…