#Interview : le coaching à l’heure du digital, par Caroline Montel

Caroline en quelques mots…

Avant de créer Coaching – Learning – Consulting (CL.C) en 2004, et de co-fonder la plateforme de coaching à distance 1heure1coach.com (avec Valérie Ogier et Françoise Bletton), Caroline a exercé pendant 10 ans des fonctions de Directrice Générale en agence de communication dans le groupe Havas Advertising. A 40 ans, elle a repris un cycle de formation à l’ESSEC pour y effectuer un Master en Management Général et une formation de coach auprès du Centre International du Coach. Aujourd’hui consultante formatrice et coach certifiée elle accompagne les projets de transformation individuels et collectifs des entreprises privées et du secteur public. 

Pourquoi as-tu décidé de créer 1heure/1coach ?

Quand j’ai créé 1Heure1Coach en 2016, j’étais coach certifiée depuis 6 ans et accompagnais la transformation professionnelle et le développement personnel des cadres en entreprise. Je me suis rendu compte que le coaching était réservé aux cadres dirigeants, que la ligne managériale du dessous, plus opérationnelle, avait uniquement accès à des formations collectives car le coût d’un accompagnement individuel et personnalisé était trop élevé pour être pris en charge. Je me suis dit que pour qu’il y ait un véritable alignement stratégique, il fallait permettre à l’ensemble de la chaine de valeurs d’avoir accès au coaching notamment pour donner à chacun l’opportunité de travailler sur ses propres ressources et sur ses freins afin de mettre en œuvre la vision de l’entreprise. Pour moi cela passait d’abord par une accessibilité du prix, c’est pour cela que j’ai pensé à la digitalisation du coaching qui permet des économies tant pour le coaché que pour le coach, et qui offre une accessibilité « tout court », car les séances se déroulent quand et où le coaché le souhaite, ce qui permet une réduction du stress aussi et un gain de en termes de déplacement.

J’ai proposé 1Heure1Coach parce que j’avais envie que chaque collaborateur en entreprise ait la possibilité de gouter au coaching individuel et d’expérimenter la différence entre une formation en collectif et un accompagnement individuel. La mission de 1Heure1Coach est d’accompagner un collaborateur de son entrée dans l’entreprise jusqu’à son départ en retraite en lui proposant de travailler : sa posture de leader, sa prise de fonction, le management de ses équipes, l’impact de sa communication, la gestion des conflits, la régulation de ses émotions etc…Le concept, comme me l’a résumé un ami, est d’être le « pocket coach » des clients pour qu’ils puissent déclencher un accompagnement au moment où ils en ont le plus besoin.

Comment les clients ont-ils perçu ce projet à son lancement ?

Comme tout pionnier, il y a eu un travail d’évangélisation du marché à faire…C’est d’ailleurs le cas pour le coaching en général !
Difficile pour les clients de s’y retrouver : entre un coach qui demande 70 € de l’heure et un autre 400 € pour une prestation en apparence identique, le marché du coaching n’est pas très lisible, et dans ce cadre ce n’était pas gagné pour le coaching à distance. 
Au-delà de la technologie de la plateforme qui permet aux donneurs d’ordre et aux bénéficiaires de suivre les coachings et commander des séances en toute autonomie, c’est surtout la qualité de l’équipe de coachs certifiés et des protocoles d’accompagnement qui a rapidement fait la différence.
Les clients du groupe pilote ont rapidement été convaincus et nous font désormais confiance pour leur coaching à distance.

Nous sommes en train de vivre une période très particulière, quel est ton regard d’entrepreneure et de coach sur cette période ?

D’un point de vue social, cela confirme bien qu’on a un temps d’avance sur le sujet de l’accompagnement digital à distance. L’utilisation de ces outils s’est accélérée, et en tant que coach cela nous demande de rester en présence et à proximité, même à distance. Cette période, nous demande encore plus de talents dans les métiers de l’accompagnement, dans la lecture du verbal et du non verbal et aussi dans la maitrise technique de nouveaux outils pour favoriser les interactions. Il est clair qu’on va généraliser ce type de coaching pour tous les niveaux managériaux, et nous en tant que coachs, nous allons devoir être encore plus agiles sur nos capacités d’écoute et de questionnement mais aussi sur l’utilisation de boites à outils digitaux. Le confinement a généré à la fois des réflexions positives sur le télétravail et de nombreuses frustrations surtout pour les personnes qui ne sont pas « télétravail-compatibles » ou qui ont subi le chômage partiel. C’est notre rôle d’accompagner la gestion de ces émotions paradoxales auprès de nos clients.

Quelle est ta vision sur le métier de coach pour l’avenir ?

Le monde s’accélère par le développement de la technologie et notamment de l’intelligence artificielle. Il est possible qu’avec un peu de programmation et de deep learning, les bots remplacent bientôt l’humain dans les premières séances de coaching voire d’auto-coaching…

C’est un peu pessimiste comme vision ?

Oui un peu pessimiste ou…très optimiste dans le fait que l’humain gagne toujours à la fin…C’est comme ça que je relis Georges ORWELL ; il nous est demandé en tant que coachs de développer nos talents en intelligence émotionnelle, ce qu’une machine ne pourra jamais faire. Dans les années qui viennent, je pense qu’on ira encore plus loin dans la démocratisation du coaching avec 1 coach pour 1 coaché ; et que l’accompagnement sera ritualisé. Cela ne posera plus de problème à quelqu’un de faire appel à un coach formé et certifié pour gérer une problématique du quotidien.

Y-a-t ’il une question que je ne t’ai pas posée et que tu aurais aimé que je te pose ?

C’est une bonne question de coach ça…(rires). Hum… Ce n’est pas une question, c’est une réflexion sur notre avenir qui vient compléter le sujet précédent, je crois que le coaching devrait faire partie du programme de l’éducation nationale pour que les enfants comprennent l’impact de leurs comportements et émotions dès leur plus jeune âge.

Auteur de l’article : Sébastien Motechic