Covid 19 et courbe du changement

Lecture de la crise sanitaire à l’aune de la courbe du changement

Face aux différentes réactions devant la crise sanitaire inédite que nous traversons, et déformation professionnelle oblige, je ne peux m’empêcher de regarder l’actualité sous le prisme de la courbe du changement. Vous connaissez sans doute cette courbe sous différentes représentations. 

Je vous propose de partager la mienne, en version raccourcie :

  • Le Déni : devant le choc de la nouvelle, on est sidéré, on n’y croit pas

On a pu penser que le virus resterait confiné en Chine. Lorsque les 1ers cas sont arrivés en France, on a pu le comparer à une « simple grippe ». Devant l’ampleur de la crise en Italie, on s’est dit que ça n’irait certes pas jusque-là en France. Aujourd’hui encore, certains pourraient penser qu’il n’y a pas de danger à continuer à sortir parce qu’ils ne sont pas « à risque » …

  • La phase de Résistance émotionnelle : c’est la période où s’expriment les émotions telles que la peur, la colère, la tristesse. Il ne s’agit pas là de savoir si ces émotions sont légitimes ou pas. Elles sont, c’est un constat. Le cerveau se met en mode « survie » et le système limbique prend le pas sur la raison.

La peur des autres : les comportements suspicieux envers les personnes d’origine asiatique au tout début de la crise ; les regards désapprobateurs, les mouvements d’écart face aux personnes qui éternuent dans les transports… 

La peur de manquer : les foules qui se précipitent dans les supermarchés pour faire des réserves de pâtes, de conserves, de papier toilette ! … 

La colère face aux contrôles dans la rue suite aux mesures de confinement, la colère face à l’absence de masques pour les populations et notamment les personnels soignants.

La tristesse de ne plus être auprès de ceux qu’on aime, l’immense chagrin peut-être d’avoir perdu des êtres qui nous sont chers.

  • La négociation

Je cherche à échapper à ce qui arrive à tout prix. Les mesures de précaution, de confinement sont valables pour les autres, mais pas pour moi : on prend des libertés avec les préconisations en se promenant dans les parcs, sur les plages, on fait des balades en vélo pour sortir les enfants. On morcèle les courses pour pouvoir sortir plusieurs fois dans la journée. On part en villégiature pour passer la période de confinement dans un environnement plus plaisant, on se rue dans les gares…

  • La résignation

On comprend qu’on ne peut pas y échapper : on commence à s’organiser pour travailler à distance lorsque c’est possible, pour prendre des précautions lorsque l’on doit continuer à se rendre sur son lieu de travail lorsque c’est nécessaire. On respecte (enfin) les consignes de confinement, on limite ses sorties au strict nécessaire. 

  • La projection

On commence à explorer le champs des possibles, à projeter des actions nouvelles. On aborde la période en termes d’opportunités pour dépasser le stade des contraintes. 

On redécouvre le plaisir de lire, de passer du temps en famille, de cuisiner, de jouer.

Professionnellement, on s’occupe de toutes ces tâches, ces projets remis à plus tard faute de temps.

De belles chaînes de solidarité voient le jour pour garder les enfants des personnels de santé, pour faire les courses des personnes les plus fragiles.

Des entreprises, des professionnels mettent gracieusement leurs ressources ou compétences à disposition de celles et ceux qui en ont besoin.

On fait preuve de créativité, d’inventivité pour repenser nos activités, pour lancer de nouveaux projets, pour préparer la suite.

  • L’intégration

Viendra le temps où l’on tournera la page, où nous regarderons derrière nous pour tirer des enseignements de cet épisode, sur le plan sanitaire, sur le plan politique, sur le plan humain. 

Et puis nous regarderons vers l’avenir car nul doute que nous l’envisagerons différemment, que nous souhaiterons en faire autre chose. Car chaque crise profonde que l’humanité a traversé a amené de profonds changements culturels ou sociaux.

Chacun traverse la courbe à son propre rythme, s’arrête ou pas sur certaines étapes, repart en arrière parfois face à de nouveaux éléments.

Et vous, où en êtes-vous de votre chemin sur cette courbe ?

Auteur de l’article : Aline Motechic