La confiance en soi est un précieux atout qui permet de surmonter les obstacles, d’affronter les défis et saisir les opportunités. Cette ressource est pourtant inégalement répartie d’une personne à l’autre. Selon Christophe André, elle est une des 3 composantes de l’estime de soi au même titre que l’amour de soi et la vision de soi.
L’amour de soi et la vision de soi sont liés aux marques d’attention positives reçues pendant notre enfance et influencent par ricochet la confiance en soi. Si l’amour de soi désigne la nature des sentiments que l’on se porte, et la vision de soi le regard, plus ou moins réaliste et bienveillant que l’on a de soi, la confiance en soi est la croyance que l’on a dans notre capacité à atteindre nos objectifs personnels ou professionnels.
Si l’on ne peut changer notre passé, il est possible de développer ici et maintenant la confiance que l’on a en soi. Pour cela, il est n’est pas nécessaire de remonter à notre enfance et d’identifier des causes supposées qui seraient liées à une faible estime de soi.
L’approche systémique stratégique permet de se concentrer sur ce qui maintient le problème ici et maintenant en portant l’attention sur les relations et l’environnement. Comme le disait Paul Watzlawick, « le problème c’est la solution ». Quand je parle de relation, il s’agit tout autant de nos relations avec les autres qu’avec nous-même. Quel dialogue intérieur je nourris avec moi-même ? Est-il aidant ou limitant ? Quel type de relations j’entretiens avec les autres ? des relations de parité, de soumission ou de domination ?
En tant que coach systémique stratégique, je surprends souvent mes clients dès la première séance en leur proposant cette question paradoxale et purement théorique : « Si vous vouliez avoir encore MOINS confiance en vous, que devriez faire ou ne pas faire, penser ou ne pas penser, dire ou ne pas dire…pour aggraver à coup sûr votre manque de confiance en vous ? » Grâce à cette question, notre client identifie progressivement ce qui maintient ou aggrave son problème. Tout le travail du coach consiste alors à amener son client à faire un 180° par rapport à ses anciennes habitudes. J’ai constaté le plus souvent que ce sont les différentes formes d’évitements, relationnels et situationnels, qui viennent faire fondre la confiance en soi comme neige au soleil. Une perception dégradée de soi et potentiellement hostile de l’environnement et des autres amène la peur à décider pour soi. Dans ce cas, le coach systémique stratégique amène son client à affronter plutôt qu’à éviter ; en imagination tout d’abord puis progressivement dans son quotidien. Il s’agit de provoquer « une expérience émotionnelle correctrice » qui amène le client à percevoir, ressentir et réagir différemment et finalement à accéder à une réalité différente, plus satisfaisante pour lui. Prenons l’exemple de S, manager dans un service IT au bord du Burn out, très malmené par un manager déjà signalé au service RH pour harcèlement moral. Pour S se mettre en maladie n’était pas une option car il était impossible pour lui d’abandonner son équipe. Lors de notre première séance, S me fit l’effet d’un oiseau maigrelet et fragilisé par les épreuves, parlant d’une voix fluette et se tenant vouté sur sa chaise. Il ne disposait plus de la confiance lui permettant d’affronter son manager. Il cédait à chaque assaut. Alors que tout son environnement l’invitait à se mettre en maladie, S restait malgré tout debout par conscience professionnelle, élément important de l’estime qu’il avait de lui-même. Toute la stratégie adoptée a été de le rejoindre dans sa vision du monde et de lui permettre de trouver les ressources pour reprendre de la force et « monter sur le ring ». Après un peu moins d’une dizaine de séances, il ne comprenait pas comment il avait pu avoir peur d’un manager si grotesque et manipulateur. Comme l’écrit le poète Fernando Pessoa, « je porte en moi les blessures de tous les combats que je n’ai pas menés ».