Je suis plutôt quelqu’un d’optimiste : j’ai foi dans le potentiel d’évolution de tout un chacun, je fais partie de ceux qui croient en l’effet pygmalion, en la puissance de la valorisation et du regard positif.
Mais il y a un sujet avec lequel je ne suis décidément pas à l’aise : celui du « bonheur au travail » tant le terme est fort ! Vous direz peut-être que je chipote, mais les mots ont un sens et ils ont un impact sur notre réalité …
Parler de bonheur au travail c’est présupposer que le travail soit si important et central dans nos vies qu’il nous permette un état « de béatitude et de félicité » pour reprendre le dictionnaire. C’est mettre la barre si haut que les personnes qui ne se sentiraient pas « heureuses » au travail pourraient avoir l’impression qu’elles ont raté leur vie. Une course à l’échalote qui peut amener déception, frustration et stress tant cela devient une injonction…
C’est aussi transférer à l’entreprise un rôle et une responsabilité qui de mon point de vue n’est pas le sien. La responsabilité d’une entreprise c’est de créer les conditions de « bien-être » de ses salariés, que ce soit en termes de conditions de travail, d’organisation, de management ou de relations.
J’aime mon métier, mais de là à dire que j’y trouve le bonheur, il y a un pas que je ne franchirai pas. J’y trouve du sens, il m’apporte de la satisfaction, des moments de joie aussi. Il me permet de rencontrer des personnes formidables, de me sentir utile aux autres. Mais il y a aussi des moments difficiles, des moments d’épuisement, des tâches tellement rébarbatives que je m’en passerais bien. Mon bonheur, je le trouve dans ma vie sociale, dans mes loisirs, dans ma sphère familiale et amicale. Mon métier y contribue et c’est déjà beaucoup.
Bien sûr, si votre job vous permet de vous épanouir, de combler des aspirations et des désirs qui sont importants pour vous et qu’il vous rend heureux : tant mieux ! Et si vous appréciez votre job sans que cela vous apporte une plénitude que vous préférez trouver ailleurs, tant mieux aussi !