Le syndrome de l’imposteur…nouvelle pandémie chez les managers ?

« Bonjour je crois que je souffre du syndrome de l’imposteur… » Voilà une des angoisses qui pousse de nombreux jeunes managers à me contacter pour un coaching. Si j’avais inventé le test salivaire permettant de détecter ce nouveau virus, je passerais sans doute Noël au soleil.
Je constate pourtant que derrière cette nouvelle étiquette pathologisante se cachent des réalités bien différentes. 
Pour Marine par exemple qui prend pour la première fois la responsabilité d’une équipe, il s’agit de la peur de ne pas être à la hauteur, ce qui la rend timorée dans son positionnement managérial. Quand lors de notre première séance je lui pose cette première question « Si pour une raison étrange, vous décidiez volontairement d’échouer dans votre prise de poste, que devriez-vous dire, ou ne pas dire, faire ou ne pas faire, penser ou ne pas penser ? », Je vois une expression de surprise puis un léger sourire s’esquisser chez elle…Il ne restait plus qu’à accompagner progressivement son passage à l’action. Quelques séances plus tard, comme par miracle ce mystérieux syndrome avait disparu.
Antoine quant à lui dirige son équipe de techniciens depuis quelques mois mais il n’arrive pas à s’imposer. Il m’informe que son N+1 est l’ancien manager de son équipe et qu’il entretient encore des relations avec eux. A l’époque, ce dernier était plutôt permissif avec son équipe. L’arrivée d’Antoine et son envie de davantage de rigueur change la donne pour l’équipe. Le N+1 demande à Antoine de « prendre du recul »…Et celui-ci se sent de trop dans ce système, comme un imposteur sans possibilité d’agir. Quelques séances lui permettront de comprendre que sans soutien et sans marge de manœuvre, ce sentiment de manque de légitimité est naturel. Il lui reste à choisir sa stratégie en fonction des risques pour lui et du potentiel de cette situation : la négociation, l’affrontement ou le repli stratégique.
Ces deux cas illustrent bien le fait qu’il n’y a pas de syndrome de l’imposteur mais des dynamiques relationnelles à questionner pour gagner en marge de manœuvre et passer du mode réflexif, celui des ruminations, au passage à l’action. Comme le dit Heinz Von Foerster, un des pères de la cybernétique « Agis toujours de façon à augmenter le nombre de choix possibles ».

Auteur de l’article : Sébastien Motechic