Parmi les principaux facteurs de risques psychosociaux répertoriés par le rapport GOLLAC, la notion d’Intensité et de Temps de travail : décryptage…
Sur la question de l’INTENSITE DU TRAVAIL, le rapport GOLLAC met en exergue :
- Les contraintes de rythme
Cela concerne à la fois la question des cadences, de l’urgence et de l’immédiateté des exigences.
« Le rythme de travail peut être soumis à différentes contraintes obligeant à travailler à une certaine vitesse. Ces contraintes peuvent être d’origine interne à l’entreprise, qu’elles résultent directement de décisions organisationnelles ou qu’elles se manifestent par le fonctionnement des outils techniques : normes de production, dépendance au travail de collègues en amont ou en aval, cadence de fonctionnement (…), contraintes liées au fonctionnement des installations de process. Elles peuvent être d’origine externe, en particulier liées aux fluctuations quantitatives ou qualitatives de la demande. »
- Les objectifs irréalistes, les objectifs flous
Amènent du stress du fait de la perception d’un déséquilibre entre ce que l’on attend de moi et les ressources que j’ai pour les atteindre.
« Une cause fréquente d’intensité́ excessive du travail est liée à une déconnexion volontaire ou involontaire entre la fixation des objectifs et celle des moyens : les objectifs fixés le sont en fonction de considérations qui viennent de l’extérieur, sans forcément être compatibles avec la réalité́ quotidienne du travail Des questions sur les objectifs sont donc nécessaires : précision (des objectifs ; caractère contraignant des objectifs ; difficulté́ à les atteindre (ce dernier point ne pouvant être appréhendé́ qu’à travers la vision subjective du travailleur). »
- La polyvalence
Si la diversité des tâches peut être un levier d’intérêt, elle peut également représenter certains risques en termes de charge effective ou mentale), notamment lorsque les salariés se sentent en défaut de compétence :
« accroissement de la charge de travail, cumul de nuisances, évitement d’amélioration de l’hygiène et de la sécurité́, addition de tâches sans intérêt. (…) La polyvalence entraîne également une charge mentale accrue du fait de devoir occuper plusieurs postes, en particulier pour ceux qui ne sont pas formés. »
- Les responsabilités
A la fois levier d’autonomie et d’intérêt au travail, les responsabilités peuvent accroître l’intensité et la complexité parce que cela implique qu’une partie du travail « doit absolument être faite, souvent dans des délais déterminés et avec une qualité́ suffisante. » Cet item peut concerner différents types de poste, mais concerne notamment les manager.
- Les instructions contradictoires et les interruptions d’activité́
« Une forme particulière de complexité́ est clairement à classer parmi les facteurs psychosociaux de risque : celle qui n’est pas intrinsèque au travail, mais tient à des particularités de l’organisation (en fait souvent à des dysfonctionnements de celle-ci). Cette complexité́ organisationnelle inclut notamment celle engendrée par l’existence d’instructions contradictoires et, dans certains cas, par les interruptions de l’activité́. »
- L’ impossibilité́ de moduler son investissement au travail
« Un investissement excessif dans le travail peut créer une situation de risque. Le modèle de l’équilibre effort / récompense (Siegrist,1996) accorde une grande importance au surinvestissement au travail, repéré́ comme facteur de risque (…) sur la santé mentale. »
Sur la question du TEMPS DE TRAVAIL, le rapport GOLLAC met en exergue à la fois la question de la durée, mais aussi celle de l’organisation du temps de travail.
Le temps de travail peut exercer une influence à travers le nombre d’heures consacrées au travail, mais aussi via l’organisation du temps de travail en lui-même : toutes les heures ne se valent pas.
Les horaires contraints, irréguliers et imprévisibles, le travail de nuit, le travail posté, les horaires « antisociaux » (qui entrent en conflit avec les rythmes de la vie familiale et sociale), une mauvaise conciliation entre vie professionnelle et personnelle sont autant de facteurs qui peuvent jouer sur les RPS.
« La notion de nombres d’heures travaillées, en apparence simple, est entourée d’un certain flou, dès lors que les horaires sont irréguliers, ce qui en rend la mesure moins aisée qu’on ne pourrait le croire de prime abord. Le nombre d’heures pertinent est-il le nombre d’heures moyen ou le nombre d’heures maximal, par semaine, par jour ou par an ? La réponse diffère selon le mécanisme par lequel le temps de travail influe sur la santé : fatigue, difficultés à récupérer, appauvrissement de la vie sociale et culturelle. »
« Une des caractéristiques des horaires de travail qui semble particulièrement perturbante pour les salariés est l’accroissement de la disponibilité́ demandé : le soir ou le week-end, au- delà̀ des horaires prévus. Certains salariés, notamment les cadres, peuvent tenter de résoudre leurs problèmes de charge excessive par le télétravail de débordement : ils s’imposent alors à eux-mêmes une exigence de disponibilité́ au-delà̀ des horaires normaux de travail. »
Je ferai un focus sur le 3ème facteur dans le prochain article … A suivre !